Ce jeune entrepreneur ne manque ni de culot ni d’ambition : « L’idée derrière Shape&Go est simple : offrir aux consommateurs le plaisir de se restaurer tous les jours dans un fast food et surtout de manger sainement », annonce-t-il.

Le carolo caresse ce rêve et cette promesse depuis l’âge de 18 ans. Lors d’une année d’étude en Irlande, l’idée d’un fast food sain germe dans sa tête. « En sortant d’une session de sport avec un ami je m’aperçois finalement que je m’alimentais mal ». Avec ses économies gagnées lors de jobs étudiants, et les 40 000 euros d’économie d’un ami, il se lance : « un truc de fou avec l’aval de mes parents qui m’encouragent ».

Trois années de « sacrifices, d’abnégation, de journées interminables, de galères et de travail acharné » avec comme arme une volonté inébranlable d’innover. Il rassemble autour de lui des acteurs du monde de l’entrepreneuriat et de la gestion.

Jean François Desguin, prix du meilleur jeune inventeur de l’Office mondial de la propriété intellectuelle lors du concours Lépine à Paris en 2007 et coach dans le Student Lab de Charleroi Entreprendre, l’accélérateur de projets entrepreneuriaux de Charleroi Métropole.  Mais aussi, Damien Pauquet, nutritionniste du sport, « le plus réputé de Belgique » qui travaille avec le Standard de Liège, actionnaire de Shape&Go.

Le jeune homme, élu meilleur étudiant entrepreneur de l’année 2019 s’installe alors juste à côté de l’entrée du Decathlon flambant neuf de Charleroi. 3 mois seulement après l’ouverture de ce premier fast food sain d’un genre nouveau, l’annonce du confinement lié à la crise Covid le poussera à la fermeture.

Aurélien malgré tout s’accroche toujours à son rêve : « J’ai décidé de continuer à me battre, contre la mer, contre le vent, contre la tempête, malgré les vagues qui risquent encore de s’abattre. J’ai décidé de tout déconstruire pour tout reconstruire depuis le début, en se fondant sur mes expériences, mes erreurs, mais en gardant toujours précieusement en moi les valeurs qui m’animent et la prégnance de mon rêve » annonce-t-il.

Son idée : « construire un projet réplicable dans toutes les villes ». En juin 2022, il réalise un tour de table avec des investisseurs privés, reste au capital de son entreprise à hauteur de 30 % et relève le défi de l’ouverture de son fast food de 110 mètres carrés dans le centre commercial Ville 2 à Charleroi : « nous avions lancé le concept quand la société de leasing Grenke nous a aidés. Ils sont arrivés au bon moment. Nous avions des problèmes de méthodologie de cuisson, d’implémentation physique… et Grenke s’est positionné comme partenaire de ces changements »

Car l’investissement, important, s'élève à 200 000 euros pour un atelier de cuisine moderne et performant : « grâce à eux nous avons financé des fours modernes et indispensables pour la cuisson de nos produits. Ils sont réactifs, sympathiques ouverts aux discussions sur les changements notamment dans l’horeca. Car depuis la crise Covid les banquiers traditionnels ne discutent même plus des projets de développement dans ce secteur » assure Aurélien Luz.

Aujourd’hui Shape&Go , emploie 20 personnes dans son atelier de production à Marcinelles et dans son fast food à Charleroi.

En cuisine, l’entreprise contrôle tout. La matière première, les méthodes de production, le choix des fournisseurs en circuit court : « je veux transformer une carotte brute en carotte cuite avec une bonne huile d’olive, sans beurre. Le défi de cuisiner autrement » . En salle, les clients peuvent commander un roll, une sorte de crêpe feuilletée originale, fait dans les ateliers de l’entreprise et ensuite cuite en face des consommateurs. Le défi selon Aurélien Luz : « proposer un cœur chaud dans une coque croustillante ».

Sur la carte, le roll « Chicken Pepper », le « Végé Dream » ou le « Peanut Lover ». Les prix de 5 à 15 euros se déclinent en quatre tailles : Mini, Max, Mega et Iron.

Le consommateur peut aussi réaliser son roll. Parmi les ingrédients, 9 choix de protéines [scampis marinés maison, poulet croustillant, ou du haché de bœuf…]. 12 choix de légumes [aubergines, tomate, oignons caramélisés, concombres…], et 6 sauces maison, dont la « peanut butter », une sauce cinq poivres et une sauce cheddar, « sans oublier les propositions véganes, sans gluten et végétariennes, pour s’adapter aux goûts des consommateurs » précise le jeune entrepreneur.

Le concept plaît. 75 % de la clientèle est âgée de 25 à 45 ans, le cœur de cible visé par l’entrepreneur, qui travaille à offrir le meilleur produit au meilleur prix : « en travaillant sur la meilleure organisation possible, et la remise en question constante des prix de vente en tenant compte des ratios de rentabilité ». Et le succès se mesure au nombre de clients : « aujourd’hui nous comptons 500 comptes clients ». La présence de la marque sur les réseaux sociaux grandit : « 25 000 followers sur TikTok, presque 10 000 sur Facebook » s’amuse Aurélien Luz, qui porte une grande importance à sa communication digitale. Point de relais avec la clientèle.

Comment se projette-t-il dans l’avenir ? 

« Je ne m’arrêterai pas avant de devenir le Mac Do du sain » annonce-t-il tout sourire. Et il rappelle cette anecdote racontée par son père comptable et sa mère institutrice maternelle : « je disais toujours quand j’étais petit qu’un jour je changerais le monde ». Avec ses valeurs : « partage, audace et honnêteté », et un plan financier qui lui permet d’envisager la rentabilité dans trois ans, Aurélien Luz organise une prochaine levée de fonds pour lancer deux fast food de plus en 2024 à Liège et Bruxelles, puis dans un avenir proche la possibilité de développer un réseau de franchisés.